Art Nouveau Belge - Vers l'idéal

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Traditionnellement, en architecture, l’essor d’un “Art nouveau” en Belgique est relié à la construction de deux bâtiments en 1893 : d’une part, celle de l’Hôtel Tassel par Victor Horta, véritable “maison-portrait” conçue pour épouser dans les moindres détails le style de vie de son propriétaire ; et, d’autre part, celle de la maison personnelle d’un autre architecte bruxellois, Paul Hankar, dont la façade polychrome tranchait radicalement avec ce que l’on avait l’habitude de voir à Bruxelles. Deux maisons dont les styles pourraient être qualifiés d’inversement proportionnels à la distance les séparant, longue de seulement 350 mètres : l’on ne saurait en effet faire constructions plus différentes. Plus personnelles. Plus novatrices pour l’époque.

Or, à force de se concentrer sur les splendides façades sorties de l’imagination de ces architectes de génie, l’agencement révolutionnaire de telle ou telle pièce, ou encore certaines stratégies de construction, l’on en oublierait presque que l’Art nouveau belge s’est aussi exprimé dans un nombre considérable d’autres domaines. Depuis la céramique et les arts graphiques, jusqu’au mobilier et le travail du métal, en passant par les tissus ou encore la verrerie. Et ce dans des veines parfois si épurées et si éloignées de cet Art nouveau peuplé de fleurs et de silhouettes de femmes, encore trop souvent faussement rabâché comme l’unique standard de l’époque, que l’on aurait du mal à s’imaginer qu’il ne s’agit pas d’une imposture...

Néanmoins, pour celui qui prendra la peine à travers cette série de quatre publications de se pencher sur cet exceptionnel patrimoine mobilier ayant été trop longtemps plongé dans l’ombre, et d’en découvrir patiemment les innombrables subtilités, il n’y aura bientôt plus de doute possible : partout, la même recherche de pureté, d’abstraction et de beauté! Et, dans la foulée de ce collectionneur belge passionné par l’art de son pays, de redécouvrir avec un tout autre regard l’oeuvre décorative des plus grands noms de l’Art nouveau belge, tels Horta, Hankar ou Henry Van de Velde.

Mais aussi de s’initier aux créations d’artistes qui n’étaient parfois plus connus que d’une poignée d’historiens d’art dévoués à l’étude des manifestations du Groupe des XX et de La Libre Esthétique. Car s’il y eu bien une spécificité toute belge dans le renouveau des arts décoratifs apparu à la fin du XIXe siècle, c’est qu’il fut en grande partie l’oeuvre de sculpteurs et de peintres liés à ces associations d’avant-garde.

II. Objectifs et approche du projet:

Ce projet de publication entend poser un nouveau jalon dans la connaissance de l’Art nouveau belge en renouvelant notre regard sur un patrimoine ayant longtemps été considéré comme tout à fait secondaire, pour ne pas dire sans intérêt. Dans cette collection privée belge, tous les objets sont en effet classés sur un même pied d’égalité, peu importe leur valeur vénale ou la renommée de l’artiste les ayant signés. Car ce qui a présidé à leur conquête, c’est bien l’idée que ces pièces parlaient d’elles-mêmes, qu’elles disaient quelque chose de la personne les ayant imaginées il y a plus d’un siècle. Qu’il s’agisse de ses visions, de ses rêves, ou encore des gestes les plus infimes de ses mains.

Pour nous (ré)apprendre à regarder et à apprécier le geste de l’artiste, plusieurs approches complémentaires ont été mixées. Premièrement, la photographie a été voulue comme allant directement dans la matière, afin de faire ressortir la puissance révolutionnaire des lignes de cet Art nouveau belge injustement méconnu. Deuxièmement, le graphisme, avec une mise en page la plus sobre possible et l’adjonction d’un système de pictogrammes contemporains. But de la manœuvre? Mettre en valeur les formes innovantes des différents objets ayant été rassemblés dans cette collection et cadrer la découverte des photographies révélant leur moindres secrets.

Enfin, en guise de troisième voie de pénétration inédite, ce projet de publication s’est construit en lien avec toute une série de scientifiques belges et étrangers, de manière à ce que la voix de chaque artiste présent dans la collection, peu importe sa renommée actuelle, puisse retrouver une certaine audibilité. Une approche rendue d’autant plus nécessaire que bon nombre de pièces avaient parfois totalement disparu de la circulation depuis des décennies, les rendant d’autant plus désirables pour des historiens d’art en ayant parfois longtemps rêvé... Car s’il y a bien une chose que les créateurs de l’Art nouveau belge avaient compris, c’est que de la collaboration entre autant de personnalités à la recherche d’un nouvel idéal de beauté ne pouvait naître que des objets frôlant la perfection.

III. Programme des quatre volumes:

Volume I : autour de Victor Horta

Plus de septante ans après sa disparition, Victor Horta (1861-1947) demeure aux yeux du grand public la figure tutélaire de l’Art nouveau belge. Un authentique génie de l’architecture qui, à partir du début des années 1890, imprima un véritable renouveau au sein de cette discipline, grâce à sa fameuse “ligne coup de fouet”, ses arabesques et ses courbes végétales. Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est que Horta fut également un chercheur infatigable qui, les années passant, s’éprit de plus en plus de pureté et de sobriété ; chose particulièrement bien visible dans les pièces de mobilier, les quincailleries ou encore les vitraux qu’il dessina pour habiller l’intérieur de ses différentes réalisations architecturales. à travers eux, c’est donc un tout autre Horta que celui habituellement célébré dans les livres qui se découvre aux yeux du lecteur.

À la fois sculpteur, graveur et médailliste, Fernand Dubois (1861-1939) collabora avec Horta dès 1893 et le projet phare de l’Hôtel Tassel, où il réalisa entre autres un encadrement de porte. Mais force est de constater qu’au XXIe siècle, plus grand monde n’est vraiment conscient de l’ampleur de son apport dans le registre des arts décoratifs en Belgique ; à la différence d’Horta qui, dans ses Mémentos, le regardait tel un ami possédant non seulement “l’âme artiste, mais le cerveau notablement meublé”. Le constat est à peu près similaire pour Paul Du Bois (1859-1938) : si ses talents de sculpteur et de médailliste restent aujourd’hui appréciés, l’on a pratiquement oublié qu’il fut l’un des pionniers de l’Art nouveau belge, via notamment la réintroduction du travail de l’étain. Quoique d’origine parisienne, Léon Ledru (1855-1926) fit également partie de la galaxie d’artistes révolutionnaires en contact avec Horta. De par ses fonctions de directeur de l’atelier de décoration au Val Saint Lambert, il lui offrit en effet (tout comme à d’autres ténors, tels Philippe Wolfers ou Henry Van de Velde) des moyens de production hautement qualitatifs.

Enfin, toujours dans l’idée de mieux comprendre l’oeuvre d’Horta, il convient également de s’intéresser aux créations mobilières de l’un de ses contemporains (et plus ardents concurrents), l’architecte Georges Hobé (1854-1936). Ce génial autodidacte qui, à l’occasion de la première Exposition internationale des Arts décoratifs de Turin en 1902, engouffra encore un peu plus l’Art nouveau belge dans une voie de traverse, faite d’éléments modulaires simples et peu chers. Hobé, ou la tentative de concilier reproductibilité et esthétique résolument novatrice.

Volume II : autour de Paul Hankar

Véritable électron libre pour l’époque, l’architecte Paul Hankar (1859-1901) se dévoua corps et âme au développement d’un Art nouveau géométrique, résolument en dehors des sentiers battus par Horta. Après un long purgatoire dans l’ombre de ce dernier, nul ne doute plus aujourd’hui que les constructions sorties de son esprit, autant que les pièces de mobilier en bois ou les ferronneries façonnées de ses propres mains, eurent une immense influence sur toute une série de personnalités en Belgique. Qu’il s’agisse de relations de travail, à l’instar d’Adolphe Crespin (1859-1944), qui réalisa notamment les sgraffites imaginés par Albert Ciamberlani (1864-1956) pour son hôtel particulier ; d’élèves, comme Paul Hamesse (1877-1956) ou Léon Sneyers (1877-1948) ; ou bien encore d’architectes moins connus du grand public, tels Émile Houbion, l’auteur de la façade du célèbre café bruxellois Le Falstaff, ou Fernand Symons (1869-1942). Par le biais d’un autre contemporain d’Hankar, l’illustrateur Henri Meunier, ce deuxième tome sera aussi l’occasion de questionner la place occupée par l’Art nouveau en 1897 au sein de la section congolaise de l’Exposition internationale de Bruxelles.

Volume III : autour d’Henry Van de Velde :

Considéré encore à l’heure actuelle comme une véritable star en Allemagne, où fit l’essentiel de sa carrière d’architecte, Henry Van de Velde (1863-1957) est sans conteste la troisième grande force motrice de l’Art nouveau belge. Et ce dès le tout début des années 1890, avec son premier associé en affaires, le peintre bruxellois Georges Lemmen (1865-1916). Véritable forcené à la recherche d’une ligne voulue comme toujours plus épurée, aux limites de l’abstraction, Van de Velde se lia alors par le biais du Groupe des XX avec toute une série de jeunes artistes belges mus par un même désir de rénover en profondeur le domaine des arts décoratifs : comme, par exemple, Willy Finch (1854-1930), dont les mains lâchèrent les pinceaux pour la pratique de la céramique, ou Théo Van Rysselberghe (1862-1926), qui, tout en ayant embrassé le rôle de chef de file du mouvement néo-impressionniste en Belgique, fut un ornemaniste des plus talentueux. Dans la galaxie Van de Velde, impossible enfin de faire l’impasse sur Max Elskamp (1862-1931), un autre Anversois dont l’oeuvre graphique demeure encore largement méconnue.

Volume IV : autour de Gisbert Combaz :

Le quatrième volume de cette collection sera construit autour de Gisbert Combaz (1869-1941), figure incontournable de l’Art nouveau belge dans le domaine du graphisme et de l’affiche grâce à ses créations en aplats exploitant bien avant l’heure la veine du “less is more”. À ses cotés, l’on découvrira notamment un affichiste à la carrière autrement plus discrète, d’origine liégeoise celui-là, en la personne d’Emile Berchmans. Mais aussi un acteur international dans le domaine du meuble, Gustave Serrurier (1858-1910), qui était fermement convaincu de l’importance de mettre le beau à la portée de tous. Enfin, l’essor de la céramique Art nouveau en Belgique sera évoqué aussi bien à travers l’oeuvre du Bruxellois Omer Coppens (1864-1926), qui s’investit considérablement au sein du cercle Pour l’Art afin de diffuser auprès du public belge les créations de l’école de Nancy ; que de celle, encore hautement mystérieuse, d’un de ses apprentis, le génial Arthur Craco (1869-1955). Sans oublier la présence dans cette collection d’une exceptionnelle frise en carreaux de céramique imaginée par Combaz sur le thème des Argonautes, que l’on croyait disparue depuis sa présentation à La Libre Esthétique en 1898...

Borys Delobbe / Jonathan Mangelinckx

Victor Horta, poignée de porte, circa 1895